Ma démarche artistique est un questionnement de mon rapport au temps à travers l’exploration de la matérialité de la photographie et du lien étroit que celle-ci entretient avec lui. La photographie est en effet le médium parfait pour cette question, car le temps fait partie d’elle, doublement partie d’elle : le temps encapsulé dans sa matière, celui qu’il faut pour que la lumière sensibilise le papier photo ; et le temps qu’elle semble retenir sur un bout de papier, celui du souvenir. Expérimenter la matière photographique me permet donc de me mouvoir intimement dans mon questionnement.

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En feuilletant les premières pages de mon album photo familial, j’ai souvent tenté de plonger dans ces souvenirs d’enfance. Quel aspect prennent-ils dans ma mémoire ? Je ne me souviens pas des moments dont témoignent ces photographies. Il me reste pourtant quelque chose. Plutôt comme une texture, une forme, une couleur. Ces milliers d’instants vécus sont des beautés fossilisées en de petites masses que je peux presque toucher, caresser avec douceur. Le souvenir pour moi est un objet, petit et précieux, que je peux tenir dans ma main.

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Je me suis alors demandé si la photographie avait, au cœur de sa matière, le potentiel d’être aussi fidèle à ce qu’il me reste en tête aujourd’hui, qu’elle peut l’être dans ces images avec la réalité d’autrefois ?