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Deliquescence

Mes questionnements sur le temps s’immiscent toujours dans mon exploration de la photographie, médium idéal pour cette réflexion.

Déliquescence s’attèle à la question de la disparition, du souvenir et de l’oubli.

Il y a des années, ma professeure en arts plastiques m’a confiée un trésor, une boite contenant des portraits d’anonymes sortis vraisemblablement d’un studio photo et déposé un jour par un inconnu dans la salle de cours du collège parisien où elle enseignait alors, dans les années 80.

188 regards qui m’ont longtemps hantée. Une boite que j’ouvrais de temps à autre, faisant défiler les visages un à un, me demandant toujours : qui étaient-ils ? Quel était leur nom ? Quels fut leurs drames, leurs joies et leurs secrets ? Quelqu’un, quelque part s’en souvient-il ?

Comment résister à l’effacement du temps ?

Déliquescence évoque la disparition de l’être, questionne notre rapport à la mémoire et au sacré que l’on octroie au souvenir.

L’étude des arts religieux a été pour moi une plongée très inspirante. Comment le sacré et le précieux parviennent-ils à s’incarner dans l’image et dans l’objet ? En tant qu’athée, cette question est enveloppée de mystère. L’observation des enluminures, des icônes, de la peinture byzantine, des reliquaires et des encolpions1 dans leur dimension esthétique et spirituelle, ainsi que des lectures sur ces sujets, m’ont amenée à réfléchir à la capacité de la photographie, par son potentiel à transporter et raviver le passé, le « çà-a-été »2, à donner de façon profane et intime une dimension sacrée au souvenir personnel.

[1] Reliquaire pendentif

[2] Barthes Roland La chambre claire, note sur la photographie, Paris, Cahiers du cinéma, Gallimard, Seuil, 1980, p120

Travail exposé du 7 octobre au 14 décembre 2024
Bibliothèque universitaire de Saint-Denis Droit-Lettres
Campus du Moufia

Argile - Emulsion photographique liquide - Chimigramme 

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